Face à l’urgence du climat, les forêts demeurent souvent en marge des solutions envisagées. Pourtant, elles jouent un rôle central, notamment en captant le carbone, en protégeant les sols et en régulant les cycles hydriques… En France et ailleurs, une gestion insuffisante des forêts les expose à une vulnérabilité accrue, notamment aux incendies et parasites. Comment réévaluer leur potentiel ? Comment les intégrer pleinement dans la transition de notre architecture et espaces urbains ?
Constat : les forêts, une ressource sous-exploitée
Les conséquences
En Île-de-France, environ 40% des forêts restent non exploitées. Contrairement aux idées reçues, l’absence d’entretien ne favorise pas la préservation de ces espaces ; au contraire, elle les rend plus vulnérables. L’exemple des incendies dévastateurs dans le bassin d’Arcachon en est un triste rappel : sans intervention humaine pour réduire la biomasse inflammable, les forêts deviennent de véritables poudrières en période de sécheresse.
Sous-exploitation = vulnérabilité accrue
Cela compte parmis les nombreuses autres conséquences de la sous-exploitation des forêts : diminution du potentiel de séquestration du carbone (2) perte de biodiversité, dégradation des sols et érosion, risque accru de maladies et de conflits homme-faune, réduction de l’approvisionnement en eau propre… (3)
Un modèle de gestion active des forêts : cas de l’Allemagne
Avec plus de 60% d’exploitation de ses forêts, l’Allemagne a développé une approche proactive de gestion des forêts, grâce notamment au développement d’une foresterie durable, de programmes de reforestation, d’afforestation, et à la recherche de nouvelles technologies… Ce modèle prouve qu’une intervention mesurée et stratégique peut à la fois protéger les forêts et les intégrer dans une économie circulaire plus vaste, créant ainsi un équilibre entre exploitation et préservation.
Les forêts sont nécessaires à l’équilibre terrestre
Le rôle des forêts comme puits de carbone
Les forêts jouent un rôle fondamental en tant que deuxième puits de carbone au monde après les océans. Les scientifiques soulignent que la reforestation et une gestion durable ont le pouvoir d’augmenter cette capacité d’absorption, créant ainsi un effet de levier crucial dans la réduction nécéssaire des émissions cO2. Selon un rapport de la FAO, les forêts pourraient contribuer jusqu’à 30 % des efforts mondiaux pour atténuer le changement climatique si des pratiques de gestion durable sont mises en œuvre. Des recherches menées par le Global Carbon Project indiquent que les forêts tropicales, en particulier, absorbent environ 1,1 milliard de tonnes de CO2 chaque année, représentant une part significative de l’équilibre carbone de la planète…
Les forêts : alliées de l’agriculture
Les experts s’accordent à dire que les forêts améliorent la culture céréalière et l’agriculture grâce à leur capacité à réguler les cycles hydriques, à protéger les sols contre l’érosion et à enrichir la biodiversité locale. Cette interaction entre forêt et agriculture est cruciale pour la résilience de nos systèmes alimentaires face aux aléas climatiques et aux pressions environnementales.
Reboiser l’espace public
Dans notre quête d’un nouvel urbanisme, vers des villes plus épanouissantes, plus vertes et plus intelligentes, il est nécéssaire de questionner nos rapports, notre manière de cohabiter avec les forêts. Comment redéfinir les limites entre l’urbain et la nature ? Quelle architecture, quels parcs, quelles rues, quelles routes, pour repenser notre rapport à la forêt ?
Développer des modèles plus vertueux
Le cas du béton
Le béton est désormais considéré comme l’une des plus grandes sources de pollution industrielle. En effet, selon la Global Cement and Concrete Association (GCCA), la production de ciment, ingrédient principal du béton, serait responsable de près de 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (à titre de comparaison, le secteur du transport en représente 2%). Le béton nécessite non seulement une grande quantité d’énergie, mais aussi l’extraction de ressources naturelles, telles que le calcaire et l’argile, accentuant ainsi la pression sur les écosystèmes environnants. Pourtant, il reste omniprésent dans les constructions modernes…
L’exemple de la menuiserie en PVC
Dans les années 1990, l’arrivée de grands industriels a fait chuter drastiquement les prix du polychlorure de vinyle (PVC). Ce virage a profondément bouleversé la filière bois, en particulier la menuiserie, où le PVC s’est imposé comme alternative bon marché. L’impact a été doublement néfaste : sur le plan économique, il a fragilisé les scieries et les artisans du bois, tout en continuant d’impacter négativement l’environnement… Non réparables et rarement recyclés, ces matériaux synthétiques ont contribué à l’accumulation des déchets plastiques,
Le potentiel du bois pour l’espace urbain
En construction, le bois offre une très bonne optimisation de la surface habitable (grâce à sa plus faible épaisseur que le béton), tout en offrant une meilleure performance énergétique et une plus grande liberté architecturale. En plus d’avoir un faible impact environnemental, d’être recyclable et renouvelable, le bois se distingue par sa capacité à stocker le carbone tout au long de son cycle de vie.. Le bois nécessite également moins d’énergie pour sa transformation par rapport à des alternatives comme le béton.
Le bois, un matériau polyvalent
Dans l’espace public, le bois est apprécié pour sa chaleur visuelle et sa capacité à s’intégrer harmonieusement avec les espaces verts. Utilisé pour le mobilier urbain, il représente une solution esthétique et durable, qui peut être approvisionnée localement. Pour les revêtements et pavés, les équipements de jeux et autres infrastructures, il offre une grande flexibilité en matière de design et d’utilisation. Les caractéristiques intrinsèques du bois, telles que sa résistance naturelle à la pourriture et à l’usure, en font un choix judicieux pour des installations pérennes.
Un écosystème à trouver
La forêt, intégrée à l’espace urbain, est un puissant levier écologique. Elle fournit un matériau idéal pour nos mobiliers Cité Bois : du bois local, non traité, issu de forêts certifiées FSC. Privilégier ce bois plutôt que des matériaux comme le béton, l’acier ou le plastique permet de réduire les émissions liées au transport tout en préservant activement les écosystèmes forestiers.
Valoriser nos forêts
La nécessité d’une approche intégrée et multidimensionnelle dans la gestion de nos forêts est plus évidente que jamais. La valorisation des forêts et l’usage raisonné du bois peuvent non seulement renforcer la lutte pour le climat, mais aussi soutenir l’économie locale et les secteurs traditionnels de la filière bois…
En intégrant la forêt dans le design urbain, nous favorisons la création d’espaces résilients, capables de s’adapter aux défis posés par les aléas climatiques, tels que les fortes pluies ou les vagues de chaleur… De plus, la forêt peut renforcer le lien entre les citadins et la nature, cultivant ainsi une conscience écologique indispensable…
La question reste ouverte : Comment une intégration réfléchie des forêts dans les espaces urbains peut-elle répondre aux défis climatiques actuels ? Comment réconcilier les exigences écologiques, économiques et sociétales pour bâtir un avenir où la forêt est non seulement préservée, mais aussi valorisée ?